Lire Shakespeare : Troisième édition de la Conférence Annuelle tenue pour commémorer Shakespeare

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Alexandrie— La Bibliotheca Alexandrina a tenu le lundi 30 avril, la troisième édition de la Conférence Annuelle tenue pour commémorer Shakespeare, sous le thème de « Lire Shakespeare ». La manifestation a compris les discours de plusieurs intervenants dont Prof. Ann Thompson, doyen de l'Ecole des Sciences Humaines, King's College, Londres, et co-éditeur à la Maison d'édition Arden Shakespeare » qui a publié une nouvelle édition de « Hamlet »; Dr Serageldin. Directeur de la BA; Prof. Amira Nowaira, professeur de Littérature Anglaise à la Faculté des Arts, Université d'Alexandrie et M. Paul Smith, directeur du British Council au Caire.

Dans son discours « Qui a besoin de trois versions de Hamlet? Un perspective d'un éditeur », Prof. Ann Thompson a souligné le problème que suscite la publication d'un œuvre shakespearien, notamment « Hamlet », et la nécessité d'étudier les textes disponibles de la pièce au lieu de se contenter des textes regroupés, ce qui limite la possibilité de saisir complètement le sens cherché par Shakespeare. Les Editions Arden Shakespeare », dans la nouvelle édition de « Hamlet », ont offert au lecteur trois versions du texte intégral de la pièce. Les trois textes datent respectivement de 1603 (la première édition Quarto, surnommée la mauvaise édition , soupçonnée d'être soit copiée, soit piratée), de 1604 (la deuxième édition Quarto, est deux fois plus long que la première, et considérée plus fiable), et de 1623 (l'édition Folio, publiée six ans après la mort de Shakespeare). Devant la différence radicale entre les trois textes, les éditeurs ont été obligés parfois de les regrouper en un seul texte pour éviter de prendre certaines décisions difficiles : à titre d'exemple, l'ajout ou la suppression du dernier monologue de Hamlet qui ne figure que dans le deuxième Quarto (Q2). Prof. Thompson a souligné que c'est à la popularité de « Hamlet » que cette édition spécialisée a du son succès, cependant, c'est difficile de réaliser le même succès avec d'autre œuvre, dramatique et non connu, de Shakespeare comme « Troilus et Cressida ».

Ensuite, Dr Serageldin a donné une présentation où il a comparé entre la structure dramatique des pièces de Shakespeare et les phénomènes géométriques de kaléidoscope et de fractales. Sous le thème de « Le Soi divisé et la contre-voix », Dr Serageldin a proposé une analyse des idéaux racistes qui figurent dans « Le Marchant de Venise » soulignant la présence incontestable de ces contre-voix, notamment dans le fameux monologue de Shylock où ce dernier a prêché l'égalité entre les hommes. Shakespeare a réussi implicitement à exposer ses héros aux conflits intérieurs. Ceux-ci sont toujours tiraillés entre deux caractères contradictoires : par exemple, dans la pièce de théâtre « Othello », le personnage d'Othello, le chef militaire, était à la fois un étranger et défenseur de la ville de Venise . La pièce a été longtemps interprétée en tant qu'une pièce taitant de la jalousie, or, Dr Serageldin a proposé une lecture différente de la pièce d'Othello en tant qu'une tragédie qui traite du problématique de l'intégration des immigrés dans la société.

Dans son discours « Du Texte en Film : Représentations visuelles de Hamlet sur l'Ecran », Prof. Nowaira a comparé entre trois grandes interprétations cinématographiques du chef d'œuvre shakespearien : en 1948, le film réalisé par Sir Lawrence Olivier qui a tenu également le premier rôle; en 1990, le film réalisé par Franco Zefrelli, où Mel Gibson a joué Hamlet, le prince danois; et en 1996 le long film (4 heures) réalisé et joué par Kenneth Branagh. L'étude comparative du Prof. Nowaira a mis l'accent sur l'approche de chacun des trois réalisateurs du texte. Olivier et Zefirelli ont opté à l'interprétation freudienne du texte qui insinue une certaine allusion sur la relation entre Hamlet et sa mère en mettant de côté le contexte politique dans lequel se déroule la pièce. Or, l'approche qu'a porté Branagh à la pièce présente une interprétation plus politique. Le réalisateur a mis en relief les événements politiques que vivait Hamlet et la signification de la transmission finale du pouvoir aux mains de Fortinbras, le norvégien. Une lecture qui a été totalement négligée dans les deux premières interprétations.

Lors de la dernière présentation intitulée « Pour dire la vérité : Lire les événements dans les pièces de Shakespeare », Paul Smith s'est exprimé sur les éléments, selon lui, qui distinguaient le drame de Shakespeare de la littérature. Smith a expliqué que d'habitude c'est l'expérience qui concrétise le cœur d'un œuvre dramatique, à l'encontre des mots dans l'œuvre littéraire. Le drame est donc un genre unique puisqu'il fonctionne comme notre inconscient à travers l'expérience immédiate loin de l'influence de la mémoire, la méditation ou les autres facteurs qui puissent affecter la perception. En élaborant cette théorie, Smith a proposé à l'audience une lecture de « Hamlet » qui se repose sur la nature et la fonction du drame, en se détachant des incidents qui interrompent le cours des événements.

La conférence annuelle de Shakespeare, organisée par Dr. Azza EL-Kholy, professeur de la littérature anglaise à l'Université d'Alexandrie, est tenue en avril de chaque année pour célébrer l'anniversaire du dramaturge anglais. La manifestation a connu beaucoup de succès auprès du grand nombre d'étudiants, d'académiques et de professeurs de littérature anglaise et d'études shakespeariennes qui y ont assisté.


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