L’éthique dans les relations économiques internationales (Colloque)

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Alexandrie, 28 avril 2005- Le colloque organisé par la Bibliotheca Alexandrina et le Centre René Jean Dupuy sur l’éthique dans les relations économiques internationales qui a lieu le jeudi 28 avril a débuté par une allocution d’ouverture de Dr. Ismail Serageldin, directeur de la BA.

Le Centre René Jean Dupuy pour le Droit et le Développement actuellement dirigé par M. Boutros Boutros Ghaly a été créé en novembre 1998 dans le cadre de l’Université Senghor, université internationale de langue française établie à Alexandrie au service du développement africain. René Jean Dupuy, longtemps Secrétaire général de l’Académie de droit international a été le fondateur de l’Université Senghor et son premier président. A l’initiative de son successeur, le professeur Ahmed El Kosheri, le C.R.J.D s’assigne pour tâche d’étudier le rôle et les fonctions du droit interne et international dans le développement durable, économique, politique, social et environnemental des pays africains.

Dr. Ismail Serageldin a d’emblée reconnu la communauté d’intérêts que partagent la Bibliothèque et le Centre, à savoir la préoccupation éthique. En se référant à ce que René Jean Dupuy appelait la «solidarité des nations », Dr. Serageldin a défini la vocation non seulement régionale mais internationale de l’Alexandrina, à savoir la coopération, le dialogue et l’exigence éthique.

Le colloque aborde une question de plus en plus criante à l’heure où la « mondialisation » qui ne représente qu’un phénomène économique se cherche précisément des règles juridiques et morales. C’est pourquoi Dr. Ismail a particulièrement insisté sur la préservation de l’environnement et le contrôle des nouvelles technologies. « Nous sommes tous responsables du legs écologique que nous laissons » a-t-il asséné. Par ailleurs, la montée en puissance des nouvelles technologies au niveau mondial et leurs répercussions sur les pratiques de l’activité économique constitue l’autre volet de la question morale : quel emploi fait-on de ces technologies ? Facilite-t-il la prospérité économique mondiale ou bien aggrave-t-il une sorte de capitalisme sauvage difficilement identifiable ou contrôlable et qui profite d’abord aux seules grandes puissances économiques ?

Le professeur Ahmed El Kosheiri, président de l’Université Senghor a fait une intervention dans laquelle il a rendu hommage au regretté Philippe Fouchard, ancien professeur agrégé de droit tragiquement disparu à l’âge de 66 ans avec son épouse, ses enfants et ses petits-enfants dans le krach aérien de la Mer Rouge. Spécialiste mondialement réputé de l"arbitrage international, Philippe Fouchard avait publié en 1996 en français et en anglais un ouvrage de référence, "Traité de l"arbitrage commercial international" et il était directeur de la "Revue de l"arbitrage". Dr. El Kosheiri a évoqué les travaux considérables de Philippe Fouchard sur l’arbitrage. Il a rappelé que c’était un moyen de régler les différends du commerce international. La mondialisation, qui multiplie les possibilités de conflits, est à l"origine de l"essor de cette justice privée. Dans certaines activités, comme le maritime, il existe une longue tradition d"arbitrage. Mais d"autres secteurs commencent à considérer l"arbitrage comme alternative à la justice étatique. C’est à l’intérieur de ce cadre nouveau créé par la mondialisation que Philippe Fouchard a poussé très avant sa réflexion juridique.

Enfin M. Gérard Farjat, professeur émérite à l’Université de droit de Nice a pris la parole pour dégager quelques grandes thématiques dérivées de la réalité commerciale telle qu’elle se dessine aujourd’hui et pour tenter de proposer des mesures juridiques générales qui puissent théoriquement répondre aux nouvelles exigences du droit économique. D’emblée, M. Farjat a repéré le voisinage malsain du politique et de l’économique, lequel coudoiement (qui n’est pas propre à notre époque et qui sévit même dans les pays où est censé régner l’Etat de droit) conduit irrémédiablement à la corruption généralisée. En effet, même si il reconnaît que la mondialisation est un bienfait pour la société contemporaine, les vices du système économique, exclusiviste, résident dans le fait que l’économique instrumentalise tout et d’abord la morale pour parvenir à ses fins. Le politique devient de plus en plus vulnérable face à l’économique qui dicte ses exigences et impose ses priorités aveuglément pour ainsi dire. D’où un développement récent tout à fait remarquable en matière d’éthique commerciale et de législation conséquente. C’est dans la complémentarité entre éthique et économique que l’on pourra trouver un équilibre satisfaisant, notamment pour satisfaire le droit au développement des pays pauvres a pour finir déclaré M. Farjat.

Cérémonie d’ouverture


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